NATURATOPIA
Aromathérapie & Phytothérapie

Blog Post

De la nécessité d’un conseil professionnel et éclairé

Naturatopia • 19 avril 2020

Le souhait de publier cet article a pris naissance après différents constats que j’ai pu faire auprès de prétendus professionnels « thérapeutes par les plantes », mais également au contact de plusieurs patients.

La phytothérapie et l’aromathérapie sont des disciplines thérapeutiques qui ont le vent en poupe. Au-delà d’un effet de mode, ces approches thérapeutiques s’inscrivent en effet dans la durée depuis plusieurs années. Mais, faute d’un cadre réglementaire suffisant, les dérives sont légion.

Les patients et usagers des médecines complémentaires recourent de plus en plus à ces approches thérapeutiques pour diverses raisons qui leurs sont propres. Or ces raisons ne sont pas toujours légitimes. En effet, la phyto-aroma s’inscrit dans une démarche complémentaire de la médecine allopathique et ne la rejette pas, bien que l’usage des plantes puisse représenter une alternative justifiée dans certaines indications. Le recours aux médicaments de synthèse demeure cependant majoritairement nécessaire.

De nombreuses critiques peuvent être émises à l’encontre de l’allopathie, mais elle a permis et permet toujours de soigner des maladies graves, chroniques, et elle intervient également avec brio dans les situations d’urgence vitale.

Après cette brève introduction, j’aimerais évoquer les différents constats que j’ai pu faire et les analyser.

- Alors que je questionne une femme qui se prétend herboriste, je m’intéresse à son cursus afin d’en savoir plus sur ses connaissances :
« J’ai fait 15 jours d’études auprès d’un organisme, après une reconversion professionnelle. »
Cette personne a pignon sur rue, conseille des dizaines de personnes par jour, après avoir seulement suivi 15 journées d’initiation aux plantes. Elle n’est pas issue du monde médical, et ne dispose ni de notions suffisantes de physiologie humaine ni de pharmacologie pour dispenser des conseils suffisamment adaptés.

En toute humilité, après des milliers d’heures de formation et de lecture de livres scientifiques consacrés à la phytothérapie, à l’aromathérapie et à la micronutrition, j’estime mes connaissances recevables pour dispenser honnêtement des conseils qualitatifs et sécuritaires. Ces connaissances sont bien sûr à consolider quotidiennement, car j’en apprends un peu plus chaque jour sur les plantes : interactions, nouvelles molécules découvertes, toxicité, indications…

Premier exemple : Rhodiola rosea

- « Cette Rhodiola est super, vous aurez des résultats visibles dès la fin de la première semaine. »
Voici la réponse d’une personne qui gère une « herboristerie », après que je lui ai demandé si elle disposait de plantes adaptogènes en vrac. Mais, faute de pouvoir répondre à ma demande, elle me propose de la Rhodiola, sous forme de petits flacons. Elle me conseille de prendre un flacon par jour.
Alors que des clients rentrent dans la boutique, je scrute les indications portées sur la boite afin de m’informer sur les concentrations en actifs, et de voir s’il est fait mention d’un procédé d’extraction.
Il me faudra bien chercher avant de trouver les informations recherchées : rhodiola, 1 ml ; eau, 4 ml ; miel, 1 ml.
Un produit phytothérapeutique doit présenter les noms des plantes contenues dans la préparation sous leur appellation botanique. Le genre et l’espèce se doivent donc d’être indiqués. Rhodiola est un nom de genre et, selon la nomenclature botanique considérée, il n’existe pas moins de 60 à 90 espèces du genre Rhodiola. En l’état, impossible de savoir, en absorbant ce produit, si je vais prendre Rhodiola rosea - seule plante du genre Rhodiola ayant montré une activité thérapeutique à ce jour -, ou une autre plante du genre Rhodiola qui ne possédera pas les actifs souhaités mais sera peut-être plus économique pour le laboratoire qui commercialise la préparation.
Par ailleurs, l’étiquette ne donne aucune information sur le procédé d’extraction : est-ce une simple poudre de plante solubilisée dans l’eau ? Une extraction hydroalcoolique ? Autre chose ?
Le produit conseillé n’est pas issu de l’agriculture biologique, et contient du miel. Or le miel doit impérativement être certifié bio si l’on souhaite en consommer. L’origine du produit me questionne donc… En retournant la boite plusieurs fois à la recherche de l’origine, je finis par remarquer une petite ligne très discrète : fabriqué en PRC. Avouez que ça fait meilleur effet que « Made in China » ! Mais ça revient au même, car PRC est l’acronyme de Popular Republic of China. Spontanément, « miel » et « Chine » sont des mots que j’ai du mal à faire cohabiter…

L’exemple décrit ci-dessus semble accumuler les manquements. Pourtant, de nombreux produits du commerce ne répondent pas au minimum requis en matière d’information et de traçabilité. Or il est question ici de santé, et il est pour le moins inquiétant de se mettre à la place du client lambda qui ne possède souvent pas les connaissances lui permettant de sélectionner en pleine conscience ce qu’il achète et consomme dans le but de se faire du bien.

Conseils avant d’acheter

En matière de phytothérapie, il faut privilégier les produits d’origine biologique ou issus d’un laboratoire qui étudie chaque lot et vérifie la quantité de résidus d’intrants chimiques, qui garantit une teneur suffisante en actifs, etc.
Par ailleurs, le nom de genre (ex. : Rhodiola) et le nom d’espèce (ex. : rosea) doivent être indiqués sur la boîte. De même, on doit pouvoir trouver des indications sur le mode d’obtention du produit : extraction, solvants utilisés…
Second exemple : «  Je vais vous prendre ce produit s’il vous plaît  »

Une jeune femme dépose sur le comptoir une lotion à utiliser en friction pour les muscles endoloris.
Je lui pose un certain nombre de questions :
- « Achetez-vous ce produit pour vous-même ? Connaissez-vous déjà ce produit ? Êtes-vous enceinte ? »
Ce à quoi elle me demande :
-    « Pourquoi toutes ces questions ? »
Je poursuis :
-    « Il s’agit d’un produit qui contient de nombreux actifs, en l’occurrence des huiles essentielles, et celles-ci sont contre-indiquées pendant la grossesse. »
La cliente me répond :
-    « Mais c’est naturel ! »

Naturel est pourtant loin d’être synonyme d’innocuité : Aconitum napellus (l’aconit casque de Jupiter) est totalement naturel, et pourtant trois grammes de ses racines permettent de passer de vie à trépas. Le colchique est naturel et nous offre un merveilleux remède en cas de crise de goutte, mais quelques graines suffisent à tuer.
Des exemples de la sorte, il en existe des centaines dans le règne végétal.
Pour cette raison, je préfère placer la phytothérapie et l’aromathérapie dans la case des médecines complémentaires et non des médecines douces car on peut rendre malade, voire tuer, en consommant à mauvais escient des plantes ou des huiles essentielles.

Cette cliente, qui était bien enceinte, et qui souhaitait soulager ses jambes fatiguées par la grossesse était persuadée que cette lotion aux huiles essentielles pourrait la soulager, sans présenter aucun danger pour le bébé qu’elle portait. Par application cutanée, les huiles essentielles pénètrent dans l’organisme et les molécules aromatiques rejoignent très rapidement la circulation sanguine. Dans le ventre de sa mère, le bébé peut donc recevoir un shoot de molécules aromatiques toxiques pour son développement cérébral, pulmonaire ou cardiaque… Des molécules toxiques au regard de sa fragilité, et pourtant des molécules naturelles !
Pour autant, certaines huiles essentielles peuvent être utilisées chez la femme enceinte, mais uniquement sur recommandation d’un professionnel de santé qualifié.
Troisième exemple : «  Je suis maître-praticien en aromathérapie !  »
Les publicités pleuvent sur Facebook, notamment celles qui proposent de devenir praticien en aromathérapie, voire même maître-praticien, ce qui n’existe pas. Ces structures de formation racolent le crédule au moyen de rabais pourtant bien suspects : -60 % !  -70 % ! Et même parfois -80 %, si l’on s’inscrit dans les heures qui suivent !   
Très étonnant, deux ans après le lancement de certaines de ces « formations », la promotion est toujours à environ - 70 % !   

Se former est une EXCELLENTE idée ! Mais formez-vous auprès d’organismes compétents qui emploient des professionnels de santé. Résistez à ces offres promotionnelles qui ne peuvent vous offrir que du vent. Une promotion permanente n’est-elle pas en soit déjà suspecte ? Pensez-vous vraiment possible de pouvoir s’installer en tant que phytothérapeute, aromathérapeute, praticien en phytothérapie, praticien ou même maître-praticien en aromathérapie après seulement quelques heures passées derrière un écran à écouter quelqu’un parler ou lire un livre ?   
Outre-Atlantique, les organisations de professionnels de l’aromathérapie estiment qu’il ne faut pas moins de 10 000 heures de formation, de lectures spécialisées et de recherches d’études scientifiques pour se considérer comme « expert en aromathérapie ». En comparaison, il y a 8760 heures dans une année !
À titre informatif, un certificat n’a aucune valeur légale en France. Un certificat de « Maître-praticien en aromathérapie », n’a donc aucune valeur légale. De plus, une formation certifiante n’est pas forcément gage de qualité, même si nous trouvons parfois des organismes de grande qualité qui proposent des formations certifiantes.
J’ai récemment remarqué sur Facebook une jeune femme qui mettait en avant son nouveau logo de naturopathe avec une grosse croix rouge au centre, identique à celle de la Croix-Rouge. Se faisant, l’organisation de la Croix-Rouge peut porter plainte contre elle, et elle peut être condamnée. Je décide de lui dire, en y mettant les formes, qu’il serait préférable qu’elle retravaille son logo… Cette mise en garde n’a sans doute pas été appréciée, et la jeune femme m’a immédiatement bloqué…

Cette jeune femme a 19 ans et se considère comme « naturopathe, phytothérapeute et aromathérapeute ». Pourtant, comment peut-elle prétendre conseiller une plante sans connaissances dignes de ce nom ? Quel conseil donnera-t-elle à un client déjà sous traitement médical sans lui nuire ?  

Certains pays ont déjà statué sur le sujet – mais pas la France -, et reconnaissent l’herboristerie et les métiers satellites. Mais ces mêmes pays exigent une formation sérieuse, et c’est seulement au terme de plusieurs années d’études que les étudiants peuvent être considérés et se considérer comme des herboristes.
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Histoire de la gemmothérapie ou phytembryothérapie, discipline fondée par le Dr Pol Henry au XXe siècle. Cette thérapeutique recourt aux bourgeons pour soigner.
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Calendula officinalis, Calophyllum inophyllum, Borago officinalis
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Il y a quelques jours, nous apprenions de la part d’une « compagnie » qui vend des huiles essentielles sur Internet sans le moindre « sens », qu’il valait mieux ne pas utiliser d’huiles essentielles considérées comme anti-inflammatoires en cas de pathologie virale.
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Les Rois Mages n’apparaissent que dans l’Évangile de Matthieu, il n’en est fait nulle autre mention dans les trois autres Évangiles canoniques. Ainsi, on y apprend qu’ils « viennent de l’Orient » et que, guidés par une étoile « qui se lève à l’Est », ils font route jusqu’à Bethléem. Une fois arrivés dans la ville et après avoir découvert le lieu de naissance de l’enfant Jésus, « […] ils entrèrent dans la maison, trouvèrent l'enfant avec Marie, sa mère, et, se prosternant, ils l'adorèrent ; puis, ouvrant leurs trésors, ils lui offrirent des présents : de l'or, de l'encens et de la myrrhe. » (Matthieu, II:11). Leur statut de roi, tout comme leur nombre exact, sont des suppositions. Grâce aux écrits, nous savons qu’il s’agit de « sages » et le pluriel est employé pour parler d’eux. Le nombre de trois provient d’une interprétation des cadeaux offerts qui sont au nombre de trois. De plus, il se pourrait que l’or soit en fait de l’ambre, en effet la racine du mot hébreu pour désigner l’or, semble, à l’origine, désigner une substance aromatique. L’offrande d’ambre jaune porterait alors à trois le nombre d’offrandes de substances aromatiques, substances par excellence pour honorer le divin. Nous garderons ici la traduction retenue et parlerons donc d’or. Des explications symboliques ont été données quant à la nature de ces offrandes : - L’or évoque la royauté de Jésus. - L’encens évoque tantôt sa dimension sacerdotale, tantôt sa divinité. - La myrrhe évoque tantôt sa dimension prophétique, tantôt son humanité. Au-delà de l’aspect symbolique de ces substances, j’aimerais évoquer ici les propriétés et indications au vu des connaissances actuelles.
par Naturatopia 20 octobre 2019
Avec l’utilisation importante de l’HE de ravintsara au cours des mois d'hiver, il est important de savoir quel chémotype nous utilisons. L’HE de ravintsara est antivirale, fluidifiante et immunostimulante. L’HE de bois de Hô est antalgique, sédative et anxiolytique. L’HE de camphrier est antalgique et decontracturante. Aucune utilisation par voie orale, réservée à l’adulte. Elle est épileptisante et neurotoxique. Ces propriétés sont à titre informatif et ne peuvent en aucun cas remplacer un avis médical.
par Naturatopia 26 septembre 2019
Pourtant, l'aromathérapie n'a rien de naturel. Extraire des molécules volatiles aromatiques à la vapeur d’eau et obtenir un distillat qui sera séparé d’une part en hydrolat et d’autre part en huile essentielle est on ne peut plus naturel… Nous sommes très loin de la pétrochimie…
par NATURATOPIA 22 septembre 2019
Aromathérapie, oranger amer, néroli, petit grain bigarade, huile essentielle, olfaction, olfactothérapie
par Naturatopia 15 septembre 2019
Hier, en me promenant, j’ai pu voir des tapis de colchiques (Colchicum autumnale) dans les prés humides. Et comme nous le rappelle la chanson « colchiques dans les prés, c’est la fin de l’été… ». Chaque année, il y a des accidents avec cette plante du fait de sa très haute toxicité. La raison de ces accidents est la confusion possible avec d’autres plantes dont les feuillages peuvent se ressembler, il s’agit de l’ail des ours (Allium ursinum) et du safran (Crocus sativus). Le colchique possède 6 étamines contre trois chez le safran, le premier fleurit en septembre et le second d'octobre à novembre. Toutes les parties du colchique sont toxiques (le bulbe, la tige, les feuilles, la fleur). Le nom de Colchicum provient de la région de Colchide (actuelle Géorgie) où la magicienne Médée officiait. Le colchique porte également les noms de « safran bâtard », « tue-chien ». Sa toxicité était déjà connue des anciens Grecs, et c’est à partir du second siècle de notre ère, que Gallien le préconisait dans le traitement de la crise de goutte. Puis son usage sera abandonné jusqu’au XIXème siècle, à cause de sa très forte toxicité. Et c’est en 1884, que la colchicine, qui est un alcaloïde, a été isolée. La toxicité intervient à très faible dose, une dizaine de milligrammes suffisent, et la mort intervient entre 20 et 40mg. Les premiers symptômes sont des brûlures d’estomac, des nausées et des vomissements. Une soif intense intervient, puis des tremblements et un ralentissement cardiaque apparaissent rapidement, jusqu’au délire, puis la mort.
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